Je raccomode, je brode, je tisse un bout d’humanité.
Lorsque les êtres humains deviennent des marchandises, ils sont mécaniquement standardisés… Aujourd’hui la différence dérange… Moi, le « tous pareil » m’ennuie… J’aime les visages et les corps emprunts d’humanité… J’aime l’Homme avec ses aspérités physiques et mentales, celui qui dérange par sa différence… On nous voudrait tellement lisses, tellement semblables. Pourtant, personne n’est lisse, nous sommes tous tordus, inégaux, accidentés, âpres et rugueux. C’est ce que je souhaite montrer dans mes productions et c’est ma manière de résister.
La déshumanisation du monde abouti à la disparition de toute solidarité. Pour survivre, il faudrait se fondre dans une masse, admirer le plus fort et écrabouiller le plus faible… Pourtant nous devrions êtres touchés par la souffrance de l’autre… C’est en cultivant nos relations avec les autres, que nous restons humain…
Créer dans ce monde c’est alors déranger ce monde. Créer c’est ne jamais oublier que je suis un Homme. J’ai donc le désir de déranger pour me sentir humaine, pour rester humaine.
Mes travaux sont comme des moments où la vie balbutie, ou la vie doute, se relève, se contemple, se ressaisie et lutte. Derrière mes corps, mes visages c’est l’humanité entière qui est peinte, brodée, rapiécée. Ces productions sont pour moi comme des épreuves, où le corps s’exprime par sa douleur, révélant le courage et l’acharnement du cœur. Ces moments de vie suturés sur mes toiles pourraient participer d’une certaine utopie…
Une utopie vécue comme force de désordre, de déplacement et de désir… Une utopie vécue comme un élan positif qui permettrait d’imaginer des espaces autres, des vies autrement…
Fontencomble
